Dans une époque où la fragilité de notre planète devient de plus en plus évidente, où l’inaction n’est plus une option envisageable, la Fondation Groupe EDF lance un défi ambitieux : explorer la sobriété à travers les regards sensibles d’artistes contemporains. Découvrez jusqu’au 29 septembre 2024 l’exposition « Demain est annulé… de l’art et des regards sur la sobriété », une exploration approfondie des voies vers un avenir durable.
Une exposition artistique sur l’écologie et la sobriété
La Fondation groupe EDF poursuit son engagement à travers un nouveau défi : donner matière à réflexion en offrant des perspectives artistiques sur les enjeux sociétaux. En choisissant le thème de la sobriété en 2021, la Fondation a alors pris un pari audacieux et non consensuel. Deux années plus tard, avec les mutations géopolitiques, énergétiques, économiques et politiques, la sobriété s’impose désormais comme un sujet crucial. Mais comment aborder ce thème de manière à le rendre à la fois pertinent et original, alors qu’il tend à devenir un lieu commun ? Bien que la nécessité de la sobriété soit admise dans les discours, sa mise en pratique demeure complexe. Comment la réaliser concrètement ? Quels sacrifices consentir ? Comment trouver l’équilibre entre sobriété et progrès ? Ces interrogations suscitent un débat animé, où les valeurs personnelles et les convictions politiques se confrontent.
Chacun, influencé par son propre vécu et ses croyances, évalue différemment les efforts nécessaires. Pour les organisateurs de « Demain est annulé », il est crucial de mesurer les réelles implications de ces choix pour la société dans son ensemble, qu’elles soient positives ou négatives. Impliqué dans les enjeux sociaux et économiques contemporains, le Groupe EDF se trouve au cœur des débats et a pu être interpellé quant à ses pratiques et activités. Plutôt que d’éviter les questionnements, il favorise au contraire le dialogue et la sensibilisation. C’est dans cet esprit que la programmation scientifique et culturelle entourant l’exposition « Demain est annulé… » offre une tribune aux différentes perspectives sur la sobriété. Cette exposition se veut non seulement un lieu de débat, mais aussi un espace de réflexion essentiel. À travers le prisme des artistes, les visiteurs sont invités à appréhender concrètement les enjeux, à saisir les limites et à explorer les voies d’une croissance raisonnée. Parallèlement, des thèmes comme la justice. sociale et la transition équitable sont mis en avant, offrant ainsi un éclairage sur l’application des connaissances et des techniques dans une société en mutation. Avec « Demain est annulé… », la Fondation Groupe EDF réaffirme son engagement à encourager la réflexion. Cette approche novatrice, fusionnant art et science, vise à enrichir les discussions pour le progrès de nos sociétés.
L’art au service de la réflexion
Organisée par un commissariat collectif, mêlant expertise scientifique et vision artistique, cette exposition inédite se déploie sur les 550 mètres carrés d’un espace rénové. Installations, photographies, vidéos, peintures, musique… Un voyage immersif attend les visiteurs grâce aux créations de 23 artistes, offrant une déambulation tant onirique que critique et invitant à une profonde réflexion sur notre rapport à la sobriété. L’exposition se divise en 5 sections, chacune abordant une thématique précise.
La première, intitulée « Les chemins de l’incertitude » se concentre sur les difficultés pour se repérer dans un monde où tout semble aller mal. Nous assistons à une révolution, un bouleversement qui transcende nos vies, notre essence même, et va jusqu’aux fondements métaphysiques. Ce constat semble inéluctable à une époque où notre planète est en péril, où tous, nous sommes confrontés à une menace commune : un monde à bout de souffle. Les signaux sont nombreux : le dérèglement climatique, les catastrophes naturelles, la diminution des ressources, et l’effondrement de la biodiversité. Tous ces événements nous rappellent notre condition humaine et notre vulnérabilité partagée. La prise de conscience de cette fragilité nous confronte brutalement aux limites d’un monde que nous pensions infini. L’idée de la disparition de notre habitat commun, et par extension, celle de l’humanité, amorce un changement civilisationnel. Alors que notre trajectoire semblait être une marche inexorable vers l’avant, guidée par la quête incessante du progrès et de la croissance, nous sommes désormais confrontés à l’impossibilité de poursuivre dans cette voie. Le chemin s’interrompt. Il nous faut collectivement réinventer notre parcours. Mais où aller, quand il n’y a pas d’ailleurs ? La prise de conscience brutale de nos limites environnementales suscite une angoisse existentielle, mais elle révèle également notre responsabilité. Or, la responsabilité implique le choix.
C’est dans cette faculté de choisir que réside notre liberté, une liberté qui demeure infinie. À nous de l’exercer, de réfléchir et de construire ensemble un monde viable pour tous. Est-il possible d’imaginer un avenir meilleur ensemble ? « Demain est annulé… » se pose comme une interrogation en suspens, qui invite à explorer les diverses voies qui s’offrent à nous pour façonner un monde habitable pour demain.
À travers son œuvre, Bianca Argimón s’inspire des jardins zen japonais pour évoquer avec ironie les travers et les excès de notre société contemporaine. Au lieu des traditionnels bonsaïs qui peuplent ces espaces, l’artiste a choisi d’y placer des fragments de corps de travailleurs de la City, vêtus de costumes. Cette installation est accompagnée d’une bande-son ASMR composée de bruits d’objets du quotidien tels que des billes, des éponges et des claviers d’ordinateur, renforçant ainsi le contraste saisissant. En utilisant l’humour pour jouer sur ce contraste, Bianca Argimón dénonce une société obsédée par l’économie, qui semble se complaire dans ses propres excès, ainsi que des élites économiques qui refusent de reconnaître la réalité sociale et environnementale qui les entoure, préférant ignorer les problèmes.
Un monde pour tous
Si nous prenons conscience collectivement de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, il est impératif d’agir également de manière collective pour construire un monde viable. C’est ensemble que nous parviendrons à trouver un équilibre durable pour façonner notre avenir. Pouvons-nous encore nous permettre de nous isoler les uns des autres et de croire que ce qui se déroule à l’autre bout du globe ne nous concerne pas ? Les catastrophes naturelles, aussi éloignées soient-elles, ne déclenchent-elles pas des crises migratoires, politiques, économiques et sociales qui ont un impact direct sur nos vies ? Depuis quatre décennies, nous sommes tous interconnectés par un système économique commun. Si la mondialisation a inauguré l’ère de la production de masse et de la surconsommation, elle nous rappelle aujourd’hui que nous partageons tous une même planète. Nous avons pris conscience que l’abondance pour certains entraîne inévitablement des privations pour d’autres. Les artistes nous invitent à réfléchir : pouvons-nous imaginer un monde moins inégalitaire ? Face à des besoins essentiels et des ressources limitées, la solidarité est indispensable. Les œuvres présentées constituent autant de stimulations pour envisager ensemble un avenir à la fois plus sobre et plus enrichissant sur le plan humain.
« Pulled by the roots » est une photographie de l’installation de Leandro Erlich à Karlsruhe, en Allemagne. « Pulled by the roots » répond d’abord au projet de la commune visant à déplacer son système de tramway en sous-sol, altérant ainsi les rues et la silhouette de la ville. En utilisant l’élément de la grue, Leandro Erlich transforme cette perturbation du paysage en une œuvre d’art. Dans cette ère de bétonnage des sols, l’artiste met en évidence le lien organique entre notre culture et la nature qui nous entoure. Il souligne également l’urgence de renouer avec nos racines profondes et la valeur que peut apporter l’expression de l’identité individuelle. Cette œuvre monumentale met en lumière le fait que l’expansion humaine se fait souvent au détriment d’un écosystème essentiel à notre survie. Elle nous rappelle que notre première demeure est une planète fragile nécessitant notre attention et notre protection.
Terres d’esprits
Un monde sobre sur le plan matériel ne signifie pas forcément un monde dépourvu de richesse spirituelle. Au contraire, la transition civilisationnelle actuelle nous pousse à explorer de nouvelles valeurs pour donner un sens à nos vies. Nous pouvons imaginer de nouveaux paradigmes de réalisation personnelle, plus profonds que le consumérisme effréné auquel nous nous sommes habitués. Peut-être est-il temps de reconsidérer notre relation avec le vivant et notre environnement. Comme nous l’avons vu, cela implique de réduire les disparités sociales, mais aussi de renouer avec la nature. Les changements sociétaux à venir s’accompagnent d’une révolution métaphysique. Quelle est notre position dans l’univers ? Que signifie « exister » pour nous désormais ? Et fondamentalement, qui sommes-nous ? Cette dernière question, en particulier, appelle une réponse nouvelle, tant au niveau collectif qu’individuel. Il s’agit de redécouvrir notre identité, ensemble. Cependant, pour trouver qui nous sommes, peut-être est-il nécessaire de faire une pause, de prendre du recul, et de laisser le vide se faire une place. Les artistes présentés dans cette section nous proposent des fondations alternatives pour notre société, plus en harmonie avec la nature, nos héritages, et notre histoire commune. Ils nous rappellent que pour redonner du sens, il est crucial de sortir de l’immédiateté du présent qui ignore le passé et l’avenir. Nous sommes conviés à nous souvenir d’où nous venons pour savoir où nous allons.
A travers cette création, Odonchimeg Davaadorj nous convie à renouer avec nos racines, à renouveler notre connexion avec la Terre et notre environnement. En choisissant de représenter uniquement des femmes, l’artiste met en avant les thèmes de la féminité et de la maternité, qui occupent une place centrale dans son travail artistique, nourri par l’écoféminisme. Pour elle, la naissance représente le premier ancrage. Donner la vie, c’est donner forme à l’avenir. En libérant le corps des femmes, nous libérons aussi la nature. Ces femmes enracinées ne sont pas figées, bien au contraire : elles semblent danser, animées par un élan vital puissant.
Les chemins du progrès
Ce n’est qu’une fois que nous aurons reconstruit une identité collective et retrouvé un ancrage métaphysique que nous pourrons envisager l’avenir, en empruntant des chemins de progrès conscients, respectueux et conformes à de nouvelles valeurs communes. Actuellement, notre monde dépend largement du développement des techniques et des technologies que nous avons créées. Ces avancées sont le fruit de découvertes qui ont permis de résoudre des énigmes, de combler des disparités et de sauver des vies. Il est dans notre nature d’avancer, et il serait vain de prôner un retour en arrière qui ne ferait que replonger dans d’autres défis. Cependant, nous pouvons reconsidérer les objectifs de ces innovations, veiller à ce qu’elles contribuent à un progrès social, politique et écologique. L’orientation low-tech, par opposition à la high-tech, cherche par exemple à développer des techniques respectueuses de l’environnement et à promouvoir des avancées bénéfiques pour tous. Nous devons donc réfléchir collectivement aux choix que nous faisons en matière d’innovation. Quelles sont nos priorités ? Comment utiliser au mieux les technologies déjà à notre disposition ? Quels compromis sommes-nous prêts à faire ? Ces questions ont inspiré les artistes présentés dans cette section. Ils ont choisi de transformer l’innovation en création, d’employer la science au service de l’art et d’adopter une vision poétique du monde.
Dans un contexte teinté de science-fiction, Léa Collet présente neuf élèves de collège qui aspirent à se métamorphoser en fleurs. Ils interpellent des spécialistes en biologie végétale pour explorer la possibilité d’une mutation de l’homme en un organisme végétal. Finalement, c’est à travers l’imagination artificielle, fusion entre l’intelligence artificielle et le domaine de l’artifice, que l’artiste va concrétiser ce fantasme de transformation. Cette création, susceptible de susciter à la fois fascination et inquiétude, ouvre une voie qui conjugue la technique et la nature, le progrès et le retour à la terre, la science et la recherche métaphysique.
Demain nous appartient
Face à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, où reculer n’est pas envisageable, nous avons l’opportunité de façonner un avenir collectif. Il est possible de créer un environnement de vie durable, équitable, spirituel et novateur. Les contraintes auxquelles nous sommes confrontés peuvent servir de catalyseurs pour enrichir notre société sur les plans social, culturel et artistique. Il nous incombe de concilier le progrès avec des idéaux d’émancipation, de développement personnel et de justice. Chacun devrait être en mesure de donner un sens à son existence au sein des sociétés que nous sommes appelés à façonner. Chaque individu et chaque voix sont importants si nous aspirons à agir ensemble. Sommes-nous capables de maintenir la solidarité et de rassembler nos efforts pour prendre des décisions sociales et politiques décisives ? Pouvons-nous progresser de concert vers un avenir viable ?
Le défi climatique exige une action collective et démocratique. La sobriété ne peut être réalisée sans le consentement des populations, sans un engagement libre et unanime envers un nouveau projet de vie. Ce projet commun devra prendre en compte toutes les générations, des traditions anciennes aux avancées technologiques modernes, des besoins de nos sociétés contemporaines à ceux des plus vulnérables. Les quatre artistes présentés dans cette section s’inscrivent dans cette vision nouvelle de l’humanité. Leurs œuvres futuristes offrent des perspectives sur les lendemains possibles, invitant à avancer ensemble vers un avenir que nous avons la responsabilité de façonner.
Le titre « Les Tables du Slow Art » évoque directement les Tables de la Loi de la Bible. Cette œuvre se positionne comme un manifeste en faveur du slow art, mouvement inspiré du slow food né dans les années 1990, qui s’oppose au consumérisme dans le marché de l’art et défend des valeurs éthiques et écologiques. Ce manifeste a été cosigné par 12 artistes à la fin de l’exposition Pro-Création à Fribourg en 1993. Le slow art promeut une approche différente de la création et de la réception des œuvres. Il ne s’agit plus simplement de produire et de consommer, mais de retrouver le temps nécessaire pour imaginer, créer, observer et vivre les œuvres. L’effet en spirale du texte et l’espace central laissé vide invitent chaque personne à compléter ce manifeste et à le mettre à jour.
Une incitation au changement
Loin de dicter des solutions, l’exposition encourage les visiteurs à se questionner : quelles sont les conséquences tangibles du changement climatique ? Comment pouvons-nous y faire face ? Est-il possible d’envisager collectivement un monde plus sobre et plus équilibré ? Comment cette sobriété peut-elle réconcilier l’homme avec la nature ? Et comment l’innovation technique peut-elle contribuer au progrès social, politique et écologique ?
Au fil de la visite, les émotions se mêlent aux questionnements, incitant chacun à se mettre en mouvement. Car au-delà des œuvres exposées, c’est une invitation à la réflexion et à l’action qui est lancée. « Demain est annulé… de l’art et des regards sur la sobriété » est une exposition qui inspire, qui interroge, et qui espère guider chacun vers un avenir plus prometteur. Plongez au cœur de cette exploration artistique captivante autour de la sobriété !
Infos pratiques :
Adresse :
6 rue Juliette Récamier, 75007 Paris
Dates :
Du 17 janvier 2024 au 29 septembre 2024
Horaires :
Du mardi au dimanche : de 12h00 à 19h00
Nocturne jusqu’à 22h00 le jeudi
Tarifs :
Entrée gratuite sur réservation
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