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Dragclown Affairs : Quand l’art défie les frontières du genre et de la tradition

6 juin 202411 min read

Plongez dans l’univers audacieux de l’exposition « Dragclown Affairs » à la galerie Natalie Seroussi. Cette exposition fusionne les démarches créatives de 13 artistes dragclowns avec les œuvres emblématiques des avant-gardes du 20e siècle. Découvrez une expérience artistique fascinante subversive et mettant en avant les nombreux talents de ces artistes singuliers.

Explorez le monde des drag-clowns, inspirés par les dadaïstes, où les conventions sont renversées. Ces artistes sondent leur inconscient à la manière des surréalistes, révélant un monde de pulsions et de censure à travers le masque. Dans l’esprit du Pop Art, les drag-clowns réinventent les pratiques populaires, notamment les arts du cirque, leur redonnant un sens original et subversif.

Tableau Cheri Samba de l'exposition Dragclowns affairs
.Chéri Samba, Untitled, ca. 1978, acrylique sur toile, 44 x 64 cm. Courtesy Galerie Natalie Seroussi, Paris

Qu’est-ce qu’un « drag-clown » ?

Le terme de « drag-clown » fusionne deux univers chargés d’histoire. Les artistes clowns ont longtemps incarné des figures marginales, défiant les normes et les conventions sociales. De même, les artistes drag ont repoussé les limites de la binarité des genres à travers leurs performances audacieuses. Le mariage de ces deux mondes, les drag-clowns, continue de semer le trouble dans les genres et de défier les attentes.

Gabriel Chetcuti "Klonn" à l'exposition Dragclowns affairs
© Jaïs Elalouf

Gabriel Chetcuti « Klonn »

 

Gabriel Chetcuti, né en 1996 et résidant à Mellieha, Malte, est un artiste qui se consacre actuellement à un Master of Fine Arts en arts numériques à l’Université de Malte. Son travail artistique est profondément influencé par une variété de sources, notamment les manuscrits enluminés, l’architecture, la statuaire et les objets décoratifs. À travers son art, Gabriel crée et incarne une entité magique, ésotérique et mystérieuse qu’il nomme Klonn. Cette création prend la forme d’un « art portable », où il fusionne ses inspirations avec des techniques modernes telles que la photogrammétrie et l’impression 3D. Cette approche lui permet d’explorer des concepts de fragmentation, d’effacement, de réplication et d’ajout d’éléments dans ses œuvres. En animant ce riche patrimoine visuel et culturel, Gabriel interroge notre relation avec celui-ci. Par le biais de juxtapositions et de déplacements audacieux, il génère de nouveaux récits et des significations potentiellement queer. Son travail transcende les frontières traditionnelles de l’art en explorant les intersections entre le passé et le présent, la matérialité et le numérique, ainsi que l’identité et la représentation. À travers l’esthétique envoûtante de Klonn et les techniques innovantes qu’il emploie, Gabriel Chetcuti offre une perspective fascinante sur l’art contemporain et la manière.

L’art des drag-clowns

Depuis 1983, la galerie Natalie Seroussi, nichée dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, favorise les échanges entre l’art moderne et contemporain. « Dragclown Affairs » perpétue cette tradition en tissant des liens entre les jeunes artistes contemporains et leurs prédécesseurs ayant marqué l’histoire de l’art. Cette exposition met en lumière la diversité des pratiques des drag-clowns, allant de la sculpture à la musique en passant par la performance et la vidéo. Leurs sources d’inspiration sont tout aussi variées, puisant dans les arts du cirque, du cabaret, de la mode et bien d’autres.

Sascha Cowan « The Fool »

 

Sascha Cowan est né.e. en 1995 et réside à Berlin. Iel incarne le drag à travers une lentille dramaturgique unique. En s’inspirant de la tradition du fou médiéval, son personnage The Fool offre une réinterprétation audacieuse de cette iconographie ancienne dans le contexte contemporain du drag. Cette approche artistique s’étend également à sa pratique du tatouage, où l’esthétique et les motifs du fou médiéval se retrouvent souvent. Sascha Cowan adopte une approche artisanale, créant des accessoires, costumes et décors vendus sous son label peste_noir

 

Sascha est également co-fondateurice de la compagnie Erratum, arts vivants, basée à la fois à Berlin et à Montréal. En collaboration avec Hadrien Daigneault-Roy, iels ont réalisé le court-métrage « Drag You » en 2023, offrant ainsi une exploration cinématographique de l’art du drag dans toute sa splendeur et sa complexité.

 

Outre son travail artistique et sa contribution au monde du cinéma, Sascha organise également des soirées. Ses événements, notamment les soirées « WIDE OPEN », sont conçus comme des espaces utopiques où le drag et la fête se fondent dans une expérience immersive et inclusive. Ils offrent un refuge pour la créativité, l’expression de soi et la célébration de la diversité, incarnant ainsi les valeurs fondamentales de l’art du drag.

Sascha Cowan « The Fool » à l'exposition Dragclowns affairs
© Jaïs Elalouf
Finn Darrell « The Fool » à l'exposition Dragclowns affairs
© Jaïs Elalouf

Finn Darrell “Daddy Longlegs”

 

Finn Darrell, né.e en 2000 et résidant à Londres, est une figure éminente des clubs de Londres et de New York, ainsi que des pages de magazines, sous les traits de son alter ego Daddy Longlegs. Ce personnage captivant incarne une fusion unique de caractéristiques féeriques, clownesques, extraterrestres, androgynes et fluides, enveloppées dans une esthétique colorée et maximaliste. Finn est un.e artisan.e dans l’âme, optant généralement pour une approche do-it-yourself qui est souvent collective et collaborative. Un exemple remarquable de cette collaboration est la réalisation de son premier court métrage, « Muntjac » (2023), qui explore le portrait d’une communauté à travers une lentille artistique et narrative unique. Cette œuvre témoigne de la capacité de Finn à transcender les frontières entre les disciplines artistiques pour créer des expériences immersives et multidimensionnelles. Dans la lignée de la figure historique du fou du roi ou bouffon, Finn incarne un caractère rebelle, joueur et transgressif. À travers Daddy Longlegs, Finn pousse les limites de l’expression artistique et de la représentation de genre, offrant ainsi un espace d’exploration et de subversion. En plus de son travail dans les clubs et les médias, Finn Darrell est également connu pour ses performances d’art corporel, mettant régulièrement son propre corps à l’épreuve pour explorer les frontières de la sensation, de la douleur et de l’émotion. Ces performances audacieuses ajoutent une dimension supplémentaire à son travail artistique.

De nombreux.ses artistes dragclowns exposent leurs œuvres lors de cette exposition. C’est notamment le cas de FrankieB Lambert. Né.e en 1996, FrankieB Lambert est un.e artiste autodidacte, mieux connu.e sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme drag « Envytheclown ». A travers ses performances et photographies, iel réinvente l’histoire raciste et classiste du clown pour défendre les droits des consommateurs de drogues, des expressions de genre, de la sexualité et la corporalité libérées des normes, ainsi que les luttes du mouvement Black Trans Lives Matter.

Blake Wilson, né.e en 1998 est un.e artiste textile, photographe et performeur, vivant à Sydney. Iel se produit sous le nom de drag « Hunib0y ». Blake Wilson utilise son expérience en tant que personne queer, disabled et transgenre pour mobiliser la représentation comme un outil critique, de soin et d’agentivité individuel et collectif. Lauréat.e du Kudos Emerging Artist Award en 2023, son travail a fait l’objet d’une première exposition personnelle intitulée « Delusional Maniac », curatée par Rémi Baert. Blake Wilson termine actuellement un bachelor of Fine Arts à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud. Vous pouvez retrouver une de ces œuvres « Eternity is a long long time » en tête de notre article.

Vitrail de Finn Darrell à l'exposition Dragclowns affairs
Finn Darrell, Vitral, 2024
Kiki Kogelnik à l'exposition Dragclowns affairs
Kiki Kogelnik, Unititled (Figure), 1964, encore sur papier, 58 x 38 cm. Courtesy Galerie Natalie Seroussi, Paris

L’exposition « Dragclown Affairs » bénéficie du soutien de figures éminentes telles que Dimitri Chamblas, Fiontan Moran, Florence Ostende, Tamsin Hong et Charles Batson, renforçant ainsi son rayonnement international. En revisitant les répertoires artistiques des avant-gardes, des surréalistes aux artistes féministes, les drag-clowns offrent des perspectives novatrices sur le réel, invitant à une transformation tant individuelle que collective.

Victor Brauner, La Femme fleur, à l'exposition Dragclown Affairs
Victor Brauner, La Femme fleur, huile sur panneau de bois, 21,2 x 12 cm. Courtesy Galerie Natalie Seroussi, Paris
corps de dames à l'exposition de Dragclown affairs
Jean Dubuffet, série des Corps de dames, juin-août 1950, dessin à l'encre de chine, Courtesy Galerie Natalie Seroussi, Paris

Infos pratiques :

Galerie Natalie Seroussi, 34 rue de Seine, 75006 Paris

21 mars au 31 juillet 2024

Du mardi au samedi : de 14h00 à 19h00

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