Pourquoi ne pas sortir de son cadre ? La dernière exposition “Un dernier cri” d’Akeem Smith nous invite au-delà des frontières à découvrir son art jaillissant de toute une histoire …
De l’expression à la transgression.
Akeem Smith (né en 1991 à BROOKLYN), sculpteur et vidéaste, a grandi dans le quartier de Waterhouse à Kingston, en Jamaïque. Son travail cherche à effacer les distinctions entre l’art la mode et l’anthropologie, et à remettre en question les normes de l’iconographie culturelle occidentale. C’est avec une créativité transgressive au-delà des contraintes sociologiques qu’Akeem Smith expose son travail suite à sa résidence à Lafayette Anticipation. Artiste international et créateur de mode, les œuvres d’art de l’exposition offrent à la vue du spectateur : sculptures, photos et installations entre autres. Cela s’est construit d’après toute une collecte de documents, archives témoignant d’un univers chaud et suave inspiré du dance hall des années 1980 aux années 2000 et de l’histoire afro-caribéenne. Akeem Smith célèbre ainsi ce mouvement populaire jamaïcain, largement absent des archives institutionnelles.
Vue sur un corps social.
De la même manière, il met en exergue dans son art : une dimension politique, sociale et commerciale, ainsi que le rôle d’artiste en tant qu’archiviste. Composant de grandes œuvres comme pour rendre le public plus actif dans sa relation à l’œuvre : les personnes y sont représentées en gros plan, peut-être dans l’idée se rapprocher du spectateur. Les corps sont présents, incarnant une réalité sociale, ils semblent vouloir franchir le cadre dans lequel ils sont, sortir de leur support comme pour rejoindre l’espace réel du visiteur ou les inviter dans le leur, cependant la grille rouillée d’un portail nous freine dans ce désir de fusion et nous laisse à distance tout autant que l’image reste comme enfermée, prisonnière. Peut-être il y a -t-il une volonté de garder captif un souvenir, comme pour le protéger du temps ?
Akeem Smith, Dovecote, 2020
Vue de l’installation It was fun, Galerie Nordenhake, Stockholm, 2023Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Nordenhake.
La mise en scène de ces corps, vivants d’une mémoire individuelle et collective, font de cette dernière une réalité palpable et plus que jamais présente. Cependant ce n’est pas seulement une mémoire propre qu’à un seul individu dont il s’agit mais, celle propre à toute une collectivité à laquelle se rattache toute personne et qui fait son histoire. Ainsi Akeem Smith se réserve une certaine distance pour se faire historien, s’appuyant sur toute une collecte de documents et archives, et œuvre en cela, à faire vivre l’histoire afro-caribéenne au-delà des frontières géographiques et institutionnelles. Cette exposition a été mise en œuvre par le commissaire d’exposition et directeur de Lafayette Anticipation : Rebecca Lamarche-Vadel.
Lafayette anticipation, 9 rue du plâtre, 75004 Paris
Ouvert de 12h à 19h du mercredi au dimanche
Fermé le lundi et mardi, Entrée libre et gratuite
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