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Expo Chéri Samba – musée Maillol, Paris, jusqu’au 17 mars 2024

9 février 20247 min read

Le musée Maillol présente, la première rétrospective de l’œuvre du peintre-journaliste faussement naïf Chéri Samba, couvrant quarante ans de création. L’ensemble des 50 œuvres réunies pour l’occasion proviennent de la collection Jean Pigozzi l’une des plus importantes collections d’art africain contemporain au monde.

La griffe “sambaienne” d’un artiste engagé

Chéri Samba, né en 1956 dans le village de Kinto M’Vuila au Congo, est sans conteste le peintre africain le plus célèbre de sa génération. Figure essentielle du mouvement de la “peinture populaire congolaise” qui a émergé dans les années 1970. Il découvre très tôt une vocation pour le dessin, quitte l’école à 16 ans et rejoint la bouillonnante capitale Kinshasa où il devient peintre d’enseignes publicitaires tout en publiant des bandes dessinées.

Chéri Samba ouvre son propre atelier en 1975, réalise tout d’abord des travaux de commande puis impose son style dans une peinture figurative et narrative très colorée où il se met en scène et incorpore des textes en Lingala, en kikongo et en français afin de mieux faire passer ses messages et retenir l’attention du spectateur. Il appellera ce procédé la « griffe sambaïenne » et ses tableaux, des « peintures à bulles ». Chroniques du quotidien, des mœurs, conflits sociaux, moraux et politiques, l’artiste se nourrit de l’actualité, il interpelle, dénonce, caricature et provoque, le plus souvent avec humour, dans un style qui est tout sauf naïf.

Chéri Samba, Après le 11 Sep 2001, 2002. Photo : Maurice Aeschimann – Courtesy The jean Pigozzi African Art Collection

Autoportrait d’un prédicateur

Chéri Samba se décide très tôt à recourir à l’autoportrait, qu’il décline dans un nombre d’œuvres, procédé qui lui permet aussi d’augmenter sa notoriété. Tel un prédicateur qui tente de rivaliser avec les vedettes de la télévision, il interpelle son public en évoquant des sujets qui lui sont familiers afin de provoquer réflexion et questionnement. Les trois langues qui lui sont chères son maniées dans ses textes afin de toujours signifier au spectateur et à sa clientèle étrangère qu’il reste attaché à ses racines, bien que n’ayant plus un accès direct à ses tableaux désormais expédié dans le monde. Dans son œuvre la plus célèbre, J’aime la couleur, il représente son visage en forme de spirale sur fond de ciel bleu, un pinceau entre les dents, telle une arme pacifique de promotion massive

Chéri Samba, J’aime la couleur, 2003. Photo : Maurice Aeschimann – Courtesy The jean Pigozzi African Art Collection

La femme kinoise peinte avec de multiples facettes

Mère, épouse, maîtresse, femme d’affaires ou prostituée, la femme kinoise moderne traverse la vie et l’œuvre de l’artiste. Ces femmes sont peintent comme des actrices du quotidien avec une volonté morale ou provocatrice, le plus souvent traitées avec humour ou bien célébrées nues. Samba a notamment peint, comme beaucoup de ses contemporains, la célèbre icône d’ Afrique de l’Ouest et Centrale, « Mami Wata », représentée sous les traits d’une sirène à peau blanche, dangereuse séductrice et objet de culte pour qui veut s’enrichir et s’emparer des attributs de la modernité. D’une manière générale, ce peintre ne se place pas dans un rapport intime ou amoureux avec la femme représentée, il y a toujours une distance et un adage à l’origine de la composition. Ainsi, les deux corps nus qui cernent l’artiste dans le tableau L’adoration sont un hommage à la Mère, par ailleurs célébrée dans Le lait maternel de manière plus allégorique et humoristique en pourvoyeuse de lait dont l’homme a bien du mal à se passer.

Chéri Samba, Dans la chambre, 1998. Photo : Maurice Aeschimann – Courtesy The Jean Pigozzi African Art Collection

Sous le commissariat de Jérôme Neutres et Elizabeth Withelaw,  le musée Maillol présente un parcours à travers les thématiques majeures de l’œuvre de Chéri Samba : l’autoportrait comme élément central de sa peinture, le Congo et l’Afrique, géopolitique et environnement, l’histoire de l’art et enfin la femme, thème avec lequel apparaît dans le musée un dialogue inédit avec l’œuvre de Maillol. La collection Jean Pigozzi a largement contribué depuis plus de trente ans à la reconnaissance des artistes d’Afrique sub-saharienne sur la scène internationale tels que Chéri Samba.

Chéri Samba, Le Secret d’un petit poisson devenu grand, 2002. Photo : Maurice Aeschimann – Courtesy The Jean Pigozzi African Art Collection

Adresse : Musée Maillol, 59-61 Rue de Grenelle, 75007 Paris.

Tarifs : Adulte (dès 26 ans) 16,50 Euros. Tarifs réduits : 14,50 Euros. Jeune (6-18 ans) : 12,50 Euros. Enfant (-6 de ans) : gratuit.

Ouverture : Tous les jours : 10h30-18h30. Mercredi nocturne jusqu’à 22h. Ouvert les jours fériés.

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