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Expo Viva Varda ! – La cinémathèque, Paris, Jusqu’au 28 janvier 2024

22 novembre 202312 min read

En 70 ans de carrière, Agnès Varda n’a cessé de se déplacer et de se réinventer, guidée par un désir jamais assouvi pour les autres et les expérimentations. Films, photos, installations, archives et costume : Viva Varda ! témoigne d’une œuvre personnelle. Globe-trotteuse et artiste de conviction, Varda a déployé une œuvre à la renommée internationale mais aussi profondément ancrée dans son temps. Marquée par le féminisme et la marginalité, l’exposition présente ainsi une œuvre d’une très grande actualité. 

 

 

 

 

 

 

 

« Je ne choisis jamais une seule version des choses. Il me semble injuste de montrer tant de soleil et de couleur sans aussitôt montrer les ombres mauves et les visages d’une foule anonyme. » Agnès Varda

 

AU FIL DE L’EXPOSITION 

1 – DE-CI, DE-LÀ : VARDA ET LES IMAGES

Cette première salle accueille le visiteur avec la silhouette, si familière, d’Agnès Varda. Elle l’introduit dans la multiplicité des registres d’images avec lesquels elle a joué toute sa vie. L’autoportrait, la photographie, la peinture, mais aussi le goût pour les rapprochements incongrus. Photographe, cinéaste et artiste, Agnès Varda (1928-2019) a élaboré une œuvre à la fois personnelle et témoignant d’une grande attention aux bouleversements sociaux. Sa filmographie compte plus de 40 courts et longs métrages naviguant entre fiction et documentaire, dont les incontournables Cléo de 5 à 7 (1962), Sans toit ni loi (1985), Les Glaneurs et la Glaneuse (2000) et Visages Villages (2017).

Varda est l’une des rares femmes de sa génération à avoir fait carrière en tant que cinéaste. Ses films à la première personne en ont fait une figure reconnaissable, associée à la rue Daguerre où elle vécut et travailla pendant 70 ans. De ses liens avec l’histoire de l’art à sa dimension sociale et politique, l’exposition parcourt les grands thèmes d’une œuvre polymorphe. Varda fait circuler ses images d’un support à l’autre, de l’image plane jusqu’à l’installation 3D : « Il ne faut pas montrer. Il faut juste donner envie de voir. » Agnès Varda et le renouvellement du regard.

 

« J’aime mieux la rêverie que la psychologie. J’aime passer du coq à l’âne, m’amuser avec le hasard, des moments d’émotions, des sentiments furtifs, des choses qui passent vite. » Agnès Varda

Agnès Varda, autoportrait dans son studio de photographie rue Daguerre, 1955 © succession Agnès Varda. Fonds Agnès Varda déposé à l’Institut pour la Photographie des Hauts-de-France

2– CINÉCRITURE

Agnès Varda, Photographie de Cléo de 5 à 7 © 1961 ciné-tamaris

Imprégnée de poésie, de théâtre et de littérature, Agnès Varda s’empare du cinéma en se posant d’abord des questions de forme. Peut-on structurer un film autrement que par la chronologie et la psychologie ? Dans La Pointe Courte qu’elle tourne en 1954, alors âgée de 26 ans, elle met en scène un couple en crise dans un décor naturel de manière inédite, et préfigure la Nouvelle Vague.

Elle utilise le néologisme « cinécriture » pour expliquer le travail de cinéaste : un enjeu d’écriture, comme celui d’un scénariste, mais qui évolue des premiers repérages jusqu’au montage final. Un mot-valise emblématique d’un cinéma rigoureux qui repense les représentations comme l’illustre aussi Sans toit ni loi (1985). Portrait rétrospectif et énigmatique d’une routarde en colère, ce long métrage confirme par ailleurs le talent de Varda à utiliser des images documentaires pour rendre compte de l’état mental d’un personnage.

3 – LES 7 FAMILLES D’AGNÈS

 

Cette partie permet d’appréhender les films de Varda à travers l’idée d’un cinéma à multiples tiroirs : le théâtre, la Nouvelle Vague, Jacques Demy, ses enfants Rosalie et Mathieu, la grande famille du cinéma, les arts plastiques et les animaux. Indépendante depuis son adolescence, Agnès Varda fait des choix de vie sentimentaux, conjugaux et familiaux peu conventionnels.

Dans sa vie professionnelle, elle est tout aussi affirmée. Elle ne cesse d’emprunter des voies nouvelles et traverse des milieux professionnels variés. Varda côtoie des personnalités aussi diverses que Valentine Schlegel (sa compagne qui l’éveille à l’art), Jean Vilar (figure du théâtre), Alexander Calder (artiste et ami), Chris Marker et Alain Resnais (cinéastes du Groupe Rive Gauche) ou encore Catherine Deneuve, interprète parmi d’autres de ses fictions. Et bien sûr, son mari et complice Jacques Demy

En 1967, Agnès s’installe à Los Angeles avec sa famille. Elle y revient en 1979 et y tourne son film le plus personnel, Documenteur (1981), avec son fils Mathieu Demy et sa monteuse Sabine Mamou. En 2003, l’invitation d’Agnès à la Biennale de Venise ouvre un nouveau chapitre de son œuvre, inaugurant notamment le format de l’installation d’art contemporain.

4 – CURIEUSE DU MONDE

Cette section souligne la dimension sociale et nomade des films d’Agnès Varda. De son expérience de photographe, Varda a gardé le goût de documenter le monde, ses bouleversements politiques et ses mutations culturelles.

Agnès Varda et JR © ciné-tamaris – JR

 

 

Sa filmographie des années 1960 et 1970 reflète l’effervescence artistique et politique de cette époque : la révolution cubaine (Salut les Cubains, 1964), les mouvements des droits civiques américains (Black Panthers, 1968) et la génération hippie [Lions Love (… and Lies)], 1969). Retournant à Los Angeles au début des années 1980, elle s’intéresse aux peintures murales de différentes communautés, dont celles de quartiers défavorisés, qui tentent de construire un monde à leur image en dehors des musées (Mur Murs, 1982).

 

Par la suite, Varda creuse les thèmes de la marginalité dans les villes et les campagnes françaises, avec notamment Les Glaneurs et la Glaneuse (2000). Armée d’une caméra vidéo portable, la cinéaste y pose la question de la surconsommation tout en définissant son cinéma – entre flânerie et orchestration rigoureuse. Le regard de Varda, toujours tourné vers les autres à bonne hauteur, est indissociable d’un constant renouveau esthétique. Il se prolonge dans Visages Villages (2017) où elle reprend la route avec l’artiste JR, à l’âge de 88 ans. 

 « Agnès m’a emporté dans son monde. Même si on narre le film tous les deux, c’est tout de même ˝à la Agnès Varda˝, et le montage est réalisé par elle. Or pour Agnès, la poésie et le cinéma ne sont pas que dans le cinéma, mais dans la vie elle-même. » JR

5 – FÉMINISTE, JOYEUSE ET LIBRE

.« Parfois, on me demande si je suis encore féministe, comme si c’était une maladie », déclare Agnès Varda en 2017. Quarante ans plus tôt, elle termine L’une chante, l’autre pas, son long métrage le plus ouvertement engagé en faveur des droits des femmes, dont l’accès à l’avortement – deux ans après la loi Veil (1975). 

Son féminisme se manifeste dans ses amitiés (notamment avec Delphine Seyrig), dans son indépendance économique construite dès 1954 avec sa société de production ciné-tamaris et dans ses nombreux propos sur la place des femmes dans le milieu du cinéma. Sa sensibilité féministe transparaît aussi dans la manière dont elle renouvelle les récits et les personnages à l’écran ; parfois en choquant comme avec Le Bonheur (1965), qui dépeint un triangle amoureux avec une audace et une ambivalence inédite.

Agnès Varda, portrait de Delphine Seyrig avec une photographie de Georges Pierre (prise sur le tournage de L’Année dernière à Marienbad d ’Alain Resnais,1961), rue Daguerre, mars 1961 Agnès Varda, 1960 © succession Agnès Varda Fonds Agnès Varda déposé à l’Institut pour la Photographie des Hauts-de-France

Que ce soit avec son ciné-tract Réponse de femmes (1975) ou son poème baudelairien Lesdites Cariatides (1984), il s’agit souvent de proposer une autre image des femmes et du couple, loin de ce que Varda appelait les « clichés collectifs ». 

 

« Je ne sais pas à quel moment j’ai pris conscience que ce n’était pas seulement la question d’être libre, mais que le combat des femmes serait collectif ou ne serait pas. »

Agnès Varda

Informations Pratiques 

 

La Cinémathèque française Accès : 51 rue de Bercy, 75012 Paris Métro 

Bercy Lignes 6 et 14 

Informations 01 71 19 33 33 Bus n°24, n°64, n°87 En voiture A4, sortie Pont de Bercy

 

EXPOSITION VIVA VARDA ! Du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024

Horaires : Lundi, mercredi au vendredi : 12h à 19h. WE, 

Vacances scolaires zone C et jours fériés : 11h à 19h 

Fermeture le mardi et le 25 décembre. 

Nocturnes gratuites réservées aux moins de -26 ans et aux étudiants le 2e jeudi du mois jusqu’à 21h, sur inscription obligatoire 

Tarifs : PT : 12 € / TR* : 9,50 € / Moins de 18 ans : 6 € 

Accès libre pour les Libre Pass Forfait exposition + musée : PT 14€ / TR* 11,50€ / Moins de 18 ans 8€ 

Pack tribu (max 2 adultes et 3 enfants) : 30 €, vendu exclusivement en ligne

Par Mathéo Iachvili, de la Team Lucydelic

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