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Pink Floyd – The Dark Side Of The Moon,  50 ans :  réédition et anecdotes

6 novembre 202318 min read

Pink Floyd célèbre l’anniversaire de l’un des albums les plus emblématiques de tous les temps et le troisième le plus vendu au monde. Avec sa réédition en coffret deluxe, un retour sur sa création et sa postérité en anecdotes s’impose: du live à Pompéi à l’histoire de l’album, de cette pochette légendaire à l’éclatement désordonné du groupe.

Le 1er mars 1973, un battement de cœur résonne sur des milliers de platines. C’est la naissance de l’album Dark Side of the Moon qui acte la transition de Pink Floyd du rock progressif expérimental à un rock magistral, caractérisé par une écriture riche, à la signification politique assumée. Cet album est le huitième du groupe. Il a été un succès commercial et critique sans précédent,  à rebours des codes de la pop et du rock pour un concept album sombre, contemplatif, avec un seul vrai tube. Il reste encore aujourd’hui le plus gros succès commercial des Pink Floyd, et le troisième disque le plus vendu de tous les temps, après « Thriller » de Michael Jackson et « Back in black » de AC/DC, avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus. Il détient le record du disque resté le plus longtemps dans le Billboard 200, le classement des 200 meilleures ventes de disques : depuis sa sortie, il y a figuré 970 semaines au total, soit 18 ans bout à bout, et 15 ans d’affilée, jusqu’en 1988. L’album a été conçu par les membres du groupe Pink Floyd, à savoir Roger Waters, David Gilmour, Nick Mason et Richard Wright. Le groupe était alors en train de se faire un nom dans le monde de la musique avec leurs albums conceptuels et leurs performances live envoûtantes.

Pink Floyd The Dark Side of The Moon 50 Years Deluxe Box

Un Live mythique  

Un des moments les plus marquants de leur carrière est le Live de Pompéi réalisé par Adrian Maben. Ce film musical est composé de sessions enregistrées en deux temps, premièrement dans les ruines de l’amphithéâtre de Pompéi du 4 au 7 octobre 1971, puis à Paris du 13 au 20 décembre suite à quelques problèmes techniques. C’est un projet novateur, un concert sans public dans les ruines de Pompéi. Le but était de mettre en valeur la qualité sonore de la musique, sans les réactions du public. D’après Maben, le réalisateur, c’est « une sorte d’anti-Woodstock ». En 1972, une première version du film sort en salle. Elle dure 60 minutes et comporte uniquement les images du groupe jouant à Pompéi et Paris. En 1974, une seconde version sort avec 20 minutes de plus. On y voit Pink Floyd en studio à Abbey Road durant l’année 1972. À cette période, ils ont commencé les sessions d’enregistrement pour The Dark side of the Moon. Dans ces extraits on voit notamment l’enregistrement des musiques de On the Run, Us and Them et Brain Damage. En 2002, la version “version d’auteur” sort en DVD et dure 92 minutes. On y voit plus de séquences en images de synthèse représentant l’espace, la destruction de Pompéi par les laves du Vésuve, et des images des missions Apollo.

L’accueil du public  

L’album a été acclamé par la plupart des critiques de l’époque. Les magazines musicaux ont loué l’innovation musicale du groupe et leur capacité à raconter une histoire cohérente à travers la musique.  Dans sa critique pour le magazine Rolling Stone, Lloyd Grossman, déclare que c’est « un bel album, avec une richesse de concept et de texture qui non seulement invite mais provoque à l’implication ». L’album sort d’abord aux États-Unis, certifié Or un mois après sa sortie, c’est un tel succès que le groupe y fait deux tournées de concerts en 1973.

The Dark Side Of The Moon Movie, 1972, Live at Rainbow Theatre London

Il est très intéressant de voir l’évolution de cet album entre 1972 et 1973 et toutes les différences avec la version studio. On The Run est remplacé par « The travel Sequence » un jam de 8 minutes très différent du titre de l’album. “The Great gig in the sky” est remplacé par  » The mortality Sequence « . “Time” est vraiment plus lent que sur la version studio et Roger chante sur ce morceau avec Dave et Rick.

L’histoire que raconte l’album, l’ombre de Syd

Waters, auteur-compositeur-interprète du groupe, voulait qu’une idée parcourt tout l’album. Sur l’album précédent Meddle, c’était un peu le cas avec la très longue chanson « Echoes » qui est une face entière du disque et dure 23 minutes. Mais le morceau est assemblé à partir de diverses petites sections et il y avait une cohésion lyrique. Le projet de The Dark Side Of The Moon, quant à lui, est une série de paroles différentes avec un thème qui pourrait former un seul titre car tout s’enchaîne de manière limpide. Il a été composé en tournée, quand ils rentrent en studio en mai 1972, les membres du groupe ont donc en réalité déjà joué tous les titres de l’album sur scène. En 1968, Syd Barrett, ancien chanteur guitariste et principal compositeur est évincé du groupe suite à sa santé mentale invivable. David Gilmour le remplace à la guitare et Roger Waters son ami d’enfance prend la relève en tant que auteur-compositeur essentiel et principal parolier. L’album concept repose autour des thèmes du temps qui passe, de la mort et de la folie, des pressions subies par le groupe au cours de leur vie et sur lequel plane l’ombre de Syd l’ancien leader. Roger Waters explique dans une interview donnée à Rolling Stones en 2003, à quel point la schizophrénie de Syd avait marqué le groupe. 

“Le fait que cela arrive à quelqu’un avec qui vous avez été des amis très proches, et que vous avez connu plus ou moins toute votre vie, cela concentre vraiment l’esprit sur la façon dont les sensibilités et les capacités mentales de chacun peuvent être éphémères. Pour moi, c’était vraiment « Je suis là par la grâce de Dieu ». Cela a certainement été exprimé dans « Brain Damage ».

L’aspect sonore est pensé par l’ingénieur Alan Parsons qui recrute la chanteuse Clare Torry, que l’on découvre sur The Great Gig in the Sky. Le groupe demande à la chanteuse d’improviser en pensant à l’horreur et à la mort. Après quelques essais, elle sort et s’excuse, persuadée d’avoir mal chanté. Mais tout le monde dans le studio est enchanté par sa performance. La version présente sur l’album est un composé de différentes prises. Pour cette prestation, elle est payée 30 livres sterling. En 2004, elle a fait un procès au groupe pour faire valoir ses droits en tant que compositrice de la ligne de chant, ce qu’elle a obtenu, elle est désormais créditée dans l’album.

La chanson Money est une ­dénonciation des méfaits de la fortune avec une structure complexe à sept temps comme sur « All you need is love » des Beatles. Cette particularité rythmique apporte une véritable originalité et a fonctionné mais est souvent rédhibitoire pour faire un vrai titre commercial. 

Les 10 titres de l’album (42min 35s) : 

La pochette légendaire  

Simple et audacieuse, c’est l’une des pochettes les plus mythiques de toute l’histoire de la musique moderne. Le collectif Hipgnosis est connu pour avoir réalisé des dizaines de pochettes célèbres, presque toutes celles de Pink Floyd et de nombreuses d’ Electric Light Orchestra, AC/DC ou Led Zeppelin. La couverture, conçue par Storm Thorgerson de Hipgnosis, représente un prisme qui disperse la lumière en différentes couleurs, symbolisant ainsi la façon dont les thèmes abstraits de l’album sont disséminés à travers la musique. Ce prisme n’est pas exactement comme les autres ! Il diffracte le rayon de lumière en six couleurs : rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet, il en manque une : indigo. Les graphistes avaient peur que l’indigo entre le bleu et le violet ne soit pas suffisamment lisible. Dans un entretien accordé à Rolling Stone, Thorgerson explique que la pochette est bourrée de sens : “Je pense que le triangle, qui est un symbole de la pensée et de l’ambition, était très présent dans les paroles de Roger. Donc le triangle était une icône très utile à déployer et à utiliser dans le prisme. Désormais, le prisme appartient au Floyd.” 

L’avantage qu’ont eu les graphistes du collectif d’Hipgnosis, c’est de travailler directement avec les membres de Pink Floyd, sans passer par une maison de disques. C’est ce qui leur a permis de prendre la liberté de ne mettre ni le nom du groupe, ni celui de l’album.

L’arc-en-ciel qui s’échappe sur la droite de la pochette se prolonge jusqu’à l’intérieur du vinyle. La ligne verte se met alors à bouger de haut en bas, comme sur un examen Holter, le moniteur qui enregistre les battements cardiaques. Cette idée vient de Roger Waters en personne. 

Drôle de faits  

Les recettes de l’album ont aidé à financer le film Monty Python and the Holy Grail. En effet, lors de la conception de l’album Dark Side, les membres des Pink Floyd passaient souvent leur temps libre à regarder les Flying Circus des Monty Python sur BBC2. Lorsqu’ils   ont eu les liquidités des ventes de Dark Side, ils étaient plus qu’heureux d’ajouter 10% au budget initial de 200 000 £, soit 20 000£. 

Dark Side of OZ 

L’une des théories les plus étonnantes invalidée par les membres du groupe: l’album aurait la vocation cachée d’être une bande originale pour le film “Le Magicien d’Oz”. Plusieurs fans auraient en effet remarqué que si on écoute l’album pendant qu’on diffuse les images du film, on peut voir de troublants moments de synchronisation.

Le coffret  

Pour fêter les 50 ans du disque, Pink Floyd vend un coffret deluxeThe Dark Side Of The Moon” pour le 24 mars prochain. Un objet de collection comprenant l’album original remastérisé par James Guthrie, un recueil des paroles des chansons, des Blu-Ray et DVD, ainsi qu’un vinyle gatefold contenant posters et autocollants.

Polémique sur le nouveau logo 

La nouvelle version du logo des Pink Floyd, qui montre maintenant le nombre 50 au centre avec un arc-en-ciel dans le zéro, a soulevé des controverses parmi les fans. Certains accusant le groupe de devenir « woke » et de faire de la propagande gay. Le drapeau arc-en-ciel étant le symbole LGBTQIA. Même si, comme le signalent les fans, le drapeau rappelle les couleurs du prisme déjà présentes sur la pochette originale de l’album. 

Voici quelques réactions sur twitter qui participent au débat.

Après The Dark Side Of The Moon, le groupe enchaîne avec des albums à succès : Wish You Were Here, Animals puis The Wall. Néanmoins, l’ambiance au sein du groupe commence à se dégrader. The Wall (1979) signe le début de la fin du groupe. Rogers Waters décide de virer Richard Wright, le claviériste, pour manque d’investissement. Après le départ de Wright, le groupe sort l’album The Final Cut (1983), dont la principale thématique est l’anti-guerre. En 1985, après des années de conflits, Rogers Waters décide de quitter la formation et le désaccord avec Gilmour est devenu largement connu jusqu’à aujourd’hui.

En février 2023, Waters annonce le réenregistrement de The Dark Side Of The Moon, le batteur du groupe Nick Mason rapporte au NME « c’est absolument génial ! C’était et c’est toujours le cas. Ce n’est pas du tout un spoiler pour l’original, c’est un ajout intéressant à la chose ». Waters dit au journal The Telegraph: « J’ai écrit cet album. Débarrassons-nous de toutes ces conneries de ‘nous’. Bien sûr, nous étions un groupe – nous étions quatre, nous avons tous contribué – mais c’est mon projet et je l’ai écrit. » Dans la description du clip du titre « Us and Them » Waters ajoute « Ce n’est pas un remplacement de l’original qui, évidemment, est irremplaçable ». 

Pink Floyd est un groupe précurseur qui a révolutionné l’histoire du rock avec des textes engagés et une musique d’une originalité rare pour un groupe commercial. Ce chef d’œuvre va influencer David Bowie, Radiohead, Miley Cyrus, Air ou encore Lil Yachty. 

Jaïs Elalouf 

Merci à Roxane Rouge pour ses recherches.

Photo mise en avant : Vinyle Pink Floyd Live at Wembley 1974 – 50 ans

Le coffret anniversaire : https://www.fnac.com/a17701450/Pink-Floyd-The-Dark-Side-Of-The-Moon-50eme-Anniversaire-Coffret-Deluxe-CD-album#omnsearchpos=1

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Jaïs Elalouf

Journaliste spécialisé en psychédélisme, art et musique, fondateur de Lucydelic

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